La finance islamique repose sur des principes éthiques et religieux tirés de la charia, la loi islamique. Contrairement à la finance conventionnelle, elle interdit certaines pratiques comme l’intérêt (appelé riba) et se fonde sur des contrats basés sur l’économie réelle, sans spéculation excessive.
Découvrons ensemble en termes simples les bases de la finance islamique, ses produits spécifiques, ainsi que les principales différences avec la finance traditionnelle.
Quels sont les principes fondamentaux de la finance islamique ?
La finance islamique repose sur plusieurs règles essentielles :
- Interdiction de l’intérêt (riba) : Le principe le plus connu est l’interdiction des intérêts sur les prêts. Le profit ne doit pas venir de l’argent en lui-même, mais d’un actif tangible ou d’un travail réalisé.
- Partage des profits et des pertes : Les transactions doivent répartir les bénéfices et les risques entre les parties. Cela évite qu’une partie soit favorisée par rapport à l’autre, comme cela peut être le cas dans un prêt classique avec intérêts.
- Interdiction de la spéculation excessive (gharar) : La finance islamique rejette les contrats où il y a une trop grande incertitude. Les produits dérivés ou les transactions hautement spéculatives sont donc interdits.
- Investissements éthiques : Il est interdit d’investir dans des secteurs jugés illicites (haram) comme l’alcool, les jeux de hasard, le tabac ou les entreprises liées à la production de porc.
Les principaux produits financiers islamiques
Les produits de la finance islamique sont conçus pour être conformes à ces principes. Voici quelques exemples des outils les plus couramment utilisés :
1. Mourabaha
Le Mourabaha est un contrat de vente avec une marge bénéficiaire prédéterminée. Dans ce cas, la banque achète un bien pour le client et le revend à un prix majoré, qui peut être payé en plusieurs fois.
La grande différence avec un prêt classique est que la banque devient propriétaire temporaire du bien. Ce produit est souvent utilisé pour financer des achats de biens immobiliers ou commerciaux.
2. Moucharaka
La Moucharaka est un partenariat entre la banque et le client, où les bénéfices et les pertes sont partagés en fonction des investissements de chaque partie. Ce modèle encourage la prise de risque commune, en opposition aux prêts classiques où seul l’emprunteur supporte le risque. La Moucharaka est particulièrement utile pour le financement de projets ou d’entreprises.
3. Ijara
L’Ijara est similaire à un contrat de crédit-bail. La banque achète un bien (comme un équipement ou un bien immobilier) et le loue au client. À la fin de la période de location, le client peut racheter le bien. Ce modèle est flexible et permet d’acquérir des actifs tout en évitant les intérêts.
4. Sukuk
Les Sukuk sont des obligations islamiques. Contrairement aux obligations conventionnelles, les Sukuk sont adossés à des actifs tangibles et les investisseurs partagent les bénéfices générés par ces actifs. C’est un moyen utilisé par les gouvernements et les entreprises pour lever des fonds tout en respectant la charia.
5. Takaful
Le Takaful est l’équivalent de l’assurance dans la finance islamique. Il repose sur la solidarité et le partage des risques. Les participants cotisent à un fonds commun, qui est ensuite utilisé pour indemniser ceux qui subissent des pertes.
Ce modèle est plus éthique selon la charia, car il évite les spéculations excessives souvent associées à l’assurance traditionnelle.
Différences avec la finance conventionnelle
La principale différence entre la finance islamique et la finance conventionnelle réside dans l’interdiction des intérêts. Là où une banque classique propose des prêts avec des taux d’intérêt, les banques islamiques utilisent des mécanismes de financement basés sur des actifs réels et le partage des risques.
Un autre point de distinction est l’attention portée à l’éthique. Les investissements doivent respecter des critères religieux stricts, ce qui exclut certains secteurs jugés immoraux, comme le jeu ou l’alcool, alors que la finance traditionnelle ne fixe pas de telles limites éthiques.
La spéculation excessive, courante dans la finance conventionnelle à travers des produits comme les options ou les produits dérivés, est également proscrite en finance islamique. Seules les transactions reposant sur des actifs réels, avec une prise de risque modérée, sont autorisées.
Enfin, les principes de partage des bénéfices et pertes garantissent que les deux parties sont égales dans le risque financier. Cela diffère des prêts traditionnels où la banque exige un remboursement avec intérêts, indépendamment du succès ou de l’échec du projet financé.
Le développement de la finance islamique dans le monde
La finance islamique connaît une croissance importante depuis plusieurs années, notamment dans les pays du Golfe, mais aussi dans d’autres régions comme l’Europe ou l’Asie.
Des produits conformes à la charia sont de plus en plus proposés par les institutions financières conventionnelles, attirant un public soucieux de respecter des valeurs éthiques.
Avec une base d’actifs dépassant les 2 400 milliards de dollars en 2020, et des projections atteignant plus de 3 000 milliards d’ici quelques années, la finance islamique joue un rôle de plus en plus important dans l’économie mondiale.
Cela s’explique par une demande croissante pour des investissements éthiques, mais aussi par l’intérêt des investisseurs musulmans de voir leurs transactions alignées sur leurs croyances.
Conclusion
La finance islamique propose une approche éthique et responsable de la gestion financière, en accord avec les principes de la charia. Elle se distingue par son refus de l’intérêt, son respect de l’économie réelle, et son attention particulière à l’éthique des investissements. Pour ceux qui souhaitent une alternative à la finance conventionnelle, les produits financiers islamiques offrent une solution viable, tout en contribuant au développement économique de manière responsable.